En cette semaine de commémoration du 80è anniversaire du Débarquement, le 6 juin 1944, NatUp revient sur cet événement marquant avec des témoignages. André Declercq, agriculteur, ancien adhérent de la coopérative, et François Delacroix, également ancien adhérent, évoque leurs souvenirs personnels et familiaux.

Découvrez leurs témoignages.
Dans le petit village d’Heugleville-sur-Scie (76), la mémoire de la seconde guerre mondiale reste vivante grâce aux souvenirs d’André Declercq, témoin direct de cette époque, jeune garçon de neuf ans à l’époque, aujourd’hui âgé de 89 ans. Monsieur Declercq était un exploitant et adhérent de la coopérative NatUp.
La chute des bombardiers et l’héroïsme local
L’histoire commence avant le D Day avec le bruit assourdissant des bombardiers Alliés, les B-52, qui traversent le ciel en direction de l’Allemagne. Un jour, l’un des avions est touché et s’écrase près de la ferme familiale. Les pilotes, parachutés, sont rapidement pris en charge par la Résistance, et habillés en civil. Notre octogénaire, se souvient avoir récupéré très discrètement les bottes d’aviateur rapidement abandonnées pour les offrir à son père.
L’arrivée des alliés et la libération du village
Après plusieurs jours marqués par les nouvelles annonçant à la radio l’avancée des Alliés, l’atmosphère dans le village était électrique. Le petit André, un jour en route pour le marché avec son âne, fut l’un des premiers à témoigner d’un changement imminent.
Ce matin-là, un éclaireur, un motard canadien ou britannique surgit, scrutant les alentours pour s’assurer de l’absence de soldats allemands. Cette apparition, signe avant-coureur de la Libération imminente, marqua profondément l’agriculteur et symbolisa pour tous le début d’une nouvelle ère de liberté.
Trois semaines sous les pommiers
Peu après leur arrivée, environ quatre-vingts Alliés établissent leur camp de base dans l’exploitation agricole de la famille Declercq. Utilisant astucieusement les pommiers pour camoufler leur présence et échapper aux raids aériens allemands, ils partagent le quotidien de la famille. Ces trois semaines de cohabitation transforment la ferme en un petit bastion de l’effort de guerre allié, où se mêlent travail, échanges et une solidarité renforcée face à l’ennemi commun. André raconte ses souvenir heureux en partageant des parties de ping-pong avec les alliés.
La ferme de Bonnetot à Totes
Durant l’Occupation, la ferme des Delacroix à Bonnetot à Totes (76), en Normandie, fut le théâtre d’événements cruciaux pour l’effort de guerre allié. Le site, choisi par l’armée allemande pour installer des rampes de lancement de missiles V1, fut réquisitionné en 1943. Ces missiles représentaient une menace sérieuse pour Londres, incitant les Alliés à agir rapidement.
François Delacroix, le patriarche de la famille, se souvient que la cour de sa ferme fut envahie par les troupes allemandes qui ont rapidement érigé des installations bétonnées pour leurs missiles. La ferme ainsi que le village, en raison de leur emplacement stratégique, ont subi 25 bombardements alliés qui ont lâché environ 2500 bombes, cherchant à anéantir les rampes de lancement avant que celles-ci ne soient opérationnelles.
Un épisode marquant durant cette période fut l’intervention de Michel Hollard, un résistant français. Grâce à ses informations, les Alliés purent cibler précisément les installations, épargnant Londres de destructions massives. L’efficacité de ces bombardements fut telle que les Allemands abandonnèrent le site avant même le Débarquement de Normandie.
Suite aux bombardements alliés, la ferme était en ruines, avec la plupart des bâtiments détruits ou gravement endommagés.
Cependant, elle servit de cantonnement temporaire pour les troupes américaines et canadiennes, facilitant des interactions qui tissèrent des liens durables entre les Delacroix et les soldats alliés. Le père de François a pu racheter un camion américain pour remplacer les équipements agricoles perdus, et les grilles laissées par les Américains furent utilisées pour stabiliser les sols meubles, essentiels pour le stockage des véhicules sur les terrains dévastés de la ferme. Cette période a aussi été le début d’une lente mais résiliente reconstruction.